Dans cette édition, retrouvez le portrait de Monsieur Serge HOUEDANOU, Secrétaire Général de la CENTIF du Bénin et expert OCWAR-M sur le renforcement des institutions financières.
1/ Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel, et de vos fonctions à la CENTIF du Bénin ?
Mon parcours professionnel a commencé en 1996 à la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ou j’ai occupé différents postes à responsabilités avant d’être détaché en 2017 auprès du Gouvernement béninois en qualité de Représentant de la BCEAO au sein de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), où j’occupe actuellement les fonctions de Secrétaire Général.
A ce titre, je suis impliqué dans toutes les activités de Lutte contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme (LBC/FT) menées par la CENTIF. Particulièrement, je m’occupe de la formation et de la sensibilisation des institutions financières dans la mise en œuvre de leurs obligations de LBC/FT.
Ma passion pour la thématique LBC/FT m’a conduit à la certification ACAMS et à la spécialisation en expert formateur en LBC/FT. Fort de ces atouts, j’ai assumé au plan national plusieurs charges importantes, notamment :
- Coordonnateur National du Comité en charge de l’Evaluation National des Risques (ENR) BC/FT du Bénin ;
- Coordonnateur du Comité des experts nationaux en charge du suivi du processus de l’évaluation mutuelle du dispositif LBC/FT du Bénin ;
- Coordonnateur National du Comité de rédaction du plan d’actions de mise en œuvre des recommandations du Rapport d’Evaluation Mutuelle (REM) ;
- Coordonnateur National du Comité d’élaboration de la stratégie nationale de LBC/FT.
Au plan sous-régional, j’ai été membre du Groupe Risque Tendance Méthode (GRTM) du GIABA de 2017 à 2019 et depuis 2020, je suis membre du Groupe d’Examen des Politiques du GIABA. Par ailleurs, je participe pour le compte du GIABA et en qualité d’Evaluateur, aux missions d’évaluation mutuelle des dispositifs de LBC/FT des États membres.
En somme, mon parcours me donne aujourd’hui une vision globale en même temps qu’une connaissance et une compréhension avérées des défis auxquels sont confrontés les États membres du GIABA, ceux de l’UEMOA en particulier, en matière de LBC/FT.
2/ Vous avez travaillé avec OCWAR-M, en qualité d’expert, sur plusieurs activités de renforcement des institutions financières ; quels sont les enjeux de renforcement de ces institutions en matière de LBC/FT ?
Au nombre des acteurs impliqués dans la LBC/FT, les institutions financières, qui ont des obligations de prévention du BC/FT, occupent une place centrale. Il apparaît ainsi évident que le renforcement des dispositifs de conformité LBC/FT de ces institutions constitue un des enjeux majeurs du projet OCWAR-M. En effet, les institutions financières jouent un rôle crucial dans la prévention des abus des systèmes financiers à des fins de BC/FT à travers la mise en œuvre des mesures de vigilance à l’égard de la clientèle, de tenue de dossier et de déclaration des opérations suspectes. C’est donc à juste titre que le projet OCWAR-M s’est fixé pour objectif la formation des assujettis et des superviseurs de ce secteur.
C’est dans ce cadre que grâce à Expertise France, j’ai eu l’honneur de mettre mon expérience et mes connaissances au service du projet sur plusieurs thématiques de renforcement de capacité en matière de LBC/FT des institutions financières en général et des Systèmes Financiers Décentralisés en particulier. Ainsi, grâce au projet OCWAR-M, des modules de formation pratique sur la mise en œuvre efficace des obligations LBC/FT ont été élaborés et dispensés aux institutions financières et à leurs superviseurs dans plusieurs pays de la CEDEAO. Lorsqu’on sait que les mesures préventives en matière de LBC/FT représentent plus de 40% des Recommandations du GAFI, on perçoit et comprend mieux les enjeux liés au renforcement de capacité dans ce domaine.
3/ Vous avez également bénéficié d’une formation des formateurs destinée aux acteurs de la chaîne pénale LBC/FT d’OCWAR-M relativement à vos fonctions au sein de la CENTIF du Bénin. Quelle est selon vous la spécificité des actions d’OCWAR-M, notamment sur ces sujets dans lesquels vous avez été acteur et bénéficiaire ?
Effectivement, en ma qualité de Secrétaire Général de la CENTIF du Bénin, j’ai bénéficié d’une formation des formateurs initiée par le projet OCWAR-M au profit des acteurs de la chaîne pénale.
D’abord, permettez-moi de confirmer la justesse du diagnostic posé par le projet quant au manque de formation des principaux acteurs en charge de la détection et de la répression du BC/FT dans la plupart des pays de la sous-région.
Ensuite, en ce qui concerne la solution proposée pour corriger cette faiblesse, je salue admirablement l’idée ingénieuse de doter les pays d’un collège de formateurs sur les techniques de détection, d’investigation et de poursuites pénales en matière de LBC/FT et les autres questions spécifiques liées, notamment l’entraide pénale internationale, la saisie et la confiscation des avoirs.
Cette action constitue l’une des spécificités qui distingue le projet OCWAR-M de toutes les autres formes d’appui de renforcement de capacité : le projet forme et met à la disposition de chaque pays des formateurs de qualité pour assurer durablement le renforcement des capacités des parties nationales et cette vision me paraît pertinente et efficace.
Au regard de la qualité des contenus des programmes des différentes sessions et de l’expertise des animateurs, cette formation au profit des investigateurs des cellules de renseignement financier, des magistrats du parquet, de l’instruction et du siège, des officiers de police judiciaire et des agences de gestion et recouvrement des avoirs, a été une formidable réussite.