Première formation de formateurs des acteurs de la chaîne pénale LBC/FT des pays anglophones

En mai 2022, durant deux semaines, le projet a tenu la première formation de formateurs visant à renforcer la chaîne pénale LBC/FT de ses pays partenaires anglophones.

Cette activité répond à un besoin identifié par le GIABA, comme l’explique Gina Wood, responsable juridique au sein de cette institution : “D’après les évaluations mutuelles que nous avons menées, les taux de condamnation étaient vraiment faibles, voire inexistants pour certains pays. Cela était dû au manque de formation des acteurs de la chaîne pénale – c’est-à-dire les enquêteurs, les procureurs, les juges – et également des personnes impliquées dans le recouvrement des avoirs.”

Cette activité vise donc à combler cette lacune en renforçant les compétences de toutes les parties prenantes de la chaîne pénale LBC/FT en Gambie, au Ghana, au Libéria, au Nigéria et en Sierra Leone, afin d’améliorer les capacités et l’efficacité des enquêtes, des poursuites et des jugements en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, ainsi que la localisation rapide et la gestion efficace des biens saisis.

La formation est divisée en cinq piliers : “Détection de l’infraction” (1) ; “Saisie et recouvrement des avoirs” (2) ; “Poursuites” (3) ; “Coopération internationale et régionale” (4) ; et “Jugement” (5). Pour chacun de ces piliers, des modules sur mesure ont été développés par un collège de trois experts régionaux 1 des cinq pays ciblés et de deux experts internationaux. Les modules développés correspondent aux besoins identifiés par le GIABA et à l’objectif fixé par le GAFI dans son septième résultat immédiat.2

La première phase de cette formation, destinée aux enquêteurs, a eu lieu à Dakar du 9 au 20 mai 2022. Elle a été dispensée par deux experts en matière de LBC/FT : Shaun McLeary, ancien enquêteur à la police britannique, et Victor Moiwo, analyste à la cellule de renseignement financier (CRF) de Sierra Leone. La formation a rassemblé 23 représentants des CRF, des services de police et des services de renseignement des cinq pays anglophones de la CEDEAO.

Pendant deux semaines, les participants ont travaillé ensemble sur la détection des infractions de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, ainsi que sur la planification, la préparation et la gestion des enquêtes concernant ces crimes. Les formateurs ont proposé un programme très complet mêlant des modules présentant les typologies des profils financiers et des infractions de BC/FT, à des modules reprenant les éléments d’une enquête efficace, en répondant à des questions telles que :

  • Quelles sont les différentes étapes d’une enquête de portant sur un crime de BC/FT ?

  • Qui sont les différents acteurs impliqués ?

  • Comment exploiter les informations disponibles pour les transformer en preuves ?

Une part importante de ces deux semaines de formation a été consacrée à des cas pratiques et à des travaux de groupe. Comme l’explique Shaun McLeary, “l’idée était que des personnes de différents pays, de différents milieux, de différentes agences travaillent ensemble”.

Ces groupes ont travaillé sur plusieurs études de cas, ce qui leur a permis d’appliquer les connaissances acquises à des scénarios basés sur des enquêtes et des poursuites réelles, leur donnant ainsi les outils pour tracer l’argent des criminels lors de leurs futures enquêtes.

Au cours des deux semaines, les formateurs ont encouragé les participants à sortir des sentiers battus, ce qui est, selon Shaun McLeary, une condition indispensable à la réussite d’une enquête. “Nous avons notamment examiné les sources d’information, et l’une des choses que j’ai répétées à plusieurs reprises au cours de cette semaine, c’est que la seule chose qui limite les enquêtes financières, c’est l’imagination : il faut penser le plus largement possible afin d’obtenir des données pour alimenter les enquêtes.”

La formation a également été l’occasion de mettre en relation des enquêteurs de ces cinq pays, afin de favoriser une future coopération ; c’est la raison pour laquelle les formateurs ont mis un accent particulier sur le travail de groupe : “Cette méthodologie a montré à quel point la mise en réseau est importante dans le travail que nous faisons. Aucun pays d’Afrique de l’Ouest ne peut réussir dans la lutte contre le crime organisé ou le financement du terrorisme en faisant cavalier seul”, déclare Victor Moiwo.

Après cette première formation de formateurs réussie, une seconde aura lieu en septembre. Elle réunira des magistrats des cinq pays anglophones et sera dispensée par l’avocate australienne Pauline David et deux experts régionaux.

1 La formation des enquêteurs a été développée par Shaun McLeary et l’expert régional Victor Moiwo (Sierra Leone) ; la formation des magistrats a été développée par Pauline David et deux experts régionaux. Avant l’élaboration des modules sur mesure, un important travail d’évaluation des besoins et de diagnostic du contexte avait été entrepris par 13 experts régionaux et 3 experts internationaux (Shaun McLeary, Pauline David et Pierre Baron).

2 «Enquêtes et poursuites en matière de blanchiment de capitaux : Les infractions et les activités de blanchiment de capitaux font l’objet d’enquêtes et les contrevenants sont poursuivis et soumis à des sanctions efficaces, proportionnées et dissuasives. »

  • Financé par :
  • Mis en oeuvre par :
  • En partenariat avec :